Les San Franciscains sont généralement de bons Samaritains. Ils sont friands des Random Act of Kindness, une action gracieuse complètement désintéressée qui fonctionne comme une chaîne, en invitant l’heureux bénéficiaire de l’acte de bienfaisance à rendre à son prochain ce qu’on lui a donné. Au comptoir de Strabucks, alors que vous vous apprêtez à payer votre Macchiato deux doses, une inconnue entre subitement et règle à votre place, c’est ça, par exemple, un RAC (Random Act of Kindness).
Jouant également sur le ressort de l’altruisme, la ville de San Francisco vient de lancer un système qui permet à quiconque d’envoyer des textos aux conducteurs de véhicules enregistrés sur le site CurbTXT. L’idée est simplissime, mais permettrait aux conducteurs distraits d’éviter nombre d’amendes.
La procédure est enfantine. Vous enregistrez votre numéro d’immatriculation en ligne, et le site l’associe à votre numéro de téléphone. Lorsqu’un quidam veut vous avertir que vous êtes garé de travers ou que vous avez oublié d’éteindre vos feux, il lui suffit d’envoyer un texto à CurbTXT avec au début du message votre numéro d’immatriculation, pour que le service vous transfert le SMS. Pour identifier les véhicules enregistrés, la ville vous délivre un sticker que vous pouvez coller à l’arrière de votre véhicule (où à côté de votre Carstache).
Le service vient juste d’être lancé et n’est disponible qu’à San Francisco, on ne sait donc pas encore quel usage vont en faire les habitants.
Si a priori, l’utilisation sera conforme à l’intention de la municipalité dans de nombreux cas (alarme qui se déclenche, tickets de parking expirés, etc…), on redoute que certains en fassent un autre usage. Par exemple, nous Français, qui aimons tant crier au volant, nous serions peut-être tentés d’envoyer des messages insultants sur la conduite de la voiture de devant.
On peut également avancer sans risque de se tromper que le service trouvera un écho certain auprès des dragueurs ou des routiers, qui n’hésiteront pas à contacter de séduisant(e)s conducteurs(trices) sous le couvert de l’anonymat que procure le service.
Comme pour de nombreuses innovations permises par l’Internet, l’anonymat est alors à double tranchant : il permet d’améliorer le vivre-ensemble, en rapprochant des individus fragmentés par les nouveaux modes de management, l’éclatement des institutions etc.., et dans le même temps, il peut être un lieu d’expression débridé et embarrassant.
0 commentaires