Flash back – Nous sommes en avril 2006 à San Francisco. En pleine saison des visites officielles, pendant lesquelles se succèdent ministres et parlementaires à un rythme effréné. Le consulat général de France à San Francisco ne désemplit pas, les petits fours sont un peu rances et le mauvais Sparkling Wine coule à flots, et on parle comme toujours innovation, start-up, entrepreneuriat et économie de la connaissance.
Parmi ces visites, celle du Maire de Paris, Bertrand Delanoë, ne passe pas évidemment pas inaperçue ! Le jour du centenaire du tremblement de terre de 1906, il vient fêter les 10 ans -déjà- du jumelage de Paris et San Francisco, “la ville d’Amérique la plus européenne” (et oui, les clichés ont la vie dure). Au cours d’une interview radiophonique que le maire a bien voulu nous donner à l’époque, il explique le “Sister Cities Digital Act” signé entre les deux villes. On nous y promettait notamment de tisser des liens forts entre les initiatives digitales entre les deux villes.
Une question posée au patron de Cap Digital d’alors nous mettait alors la puce à l’oreille. Quand on lui demande ce qu’on va trouver concrètement dans ce fameux Digital Sister Cities Act, le maire de Paris nous répondait: “On va y trouver ce qu’on va y faire”. À l’élégance de la formule répondra le vide des propositions.
Et de fait, depuis, l’absence de résultat parle d’elle même. 9 heures de décalage horaire, 11 heures de vol, San Francisco est sans doute trop éloignée du métro Hotel De ville. Un “loin des yeux, loin du coeur” version puissance publique sans doute.
Nous nous retrouvons donc à Paris en mars de cette année. Moins agréable, côté température. Le nouveau Maire de San Francisco, Ed Lee, est venu remettre une couche de peinture fraîche à l’accord de 2006. A lire le communiqué de presse, aucune proposition réellement engageante, aucun chiffre, aucune deadline.
On y apprend notamment que « San Francisco et Paris sont toutes deux des capitales mondiales de l’économie de l’innovation, et ont décidé de mettre en place une stratégie commune de développement économique”. Mais encore? San Francisco, capitale mondiale de l’innovation, pourquoi pas, mais Paris? N’est-ce pas une peu de ce que l’on appelle du “wishful thinking”?
En substance, cet accord nous annonce que les deux villes vont travailler ensemble à devenir des villes plus intelligentes, on va aider les startup de Paris à aller à San Francisco et vice-versa. Bref, le refrain de 2006 est toujours valable, “on va y trouver ce qu’on va y mettre”!
Nous aimons la pluie de Paris autant que les nuages de San Francisco. Des liens forts existent déjà, au quotidien, entre les communautés digitales des deux villes -et ce n’est pas l’équipe de silicon-valley.fr qui écrira le contraire-. Des échanges entre acteurs privés, entrepreneurs, étudiants; une masse d’énergie formidable qui ne demande que le soutien de la puissance publique. Autant d’opportunités que la Mairie de Paris et la Région Île de France ne semblent pas vouloir saisir.
Alors, qu’attendre de ce nouvel accord ? Peut être quelques beaux voyages, des bilans annuels, bi-mensuels et quelques jolis rapports. Un peu de champagne ici et là, des serrages de mains, des effets d’annonces… Bref, beaucoup de bruit pour rien ?
Soeurs jumelles sans doute mais partenariat de papier pour sûr.
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