En février 2004, Marc Zuckerberg, jeune étudiant d’Harvard, lançait Thefacebook.com, un trombinoscope 100% réservé aux étudiants. Dix ans après, ce drôle de support corporate est devenu universel et rassemble plus d’1.2 milliards d’utilisateurs. Facebook (la disparition du « The » date de 2005) s’impose aujourd’hui comme une marque incontournable, usuelle et forcément critiquée. Comment une simple idée a-t-elle pu grandir si vite pour devenir une multinationale de la Silicon Valley ? Le réseau social fêtera-t-il ses 15 ans ?
Une ascension fulgurante
Facebook (Facemash à l’origine) ouvre au grand public en septembre 2006 et compte déjà 100 millions d’utilisateurs en 2008. Le réseau social évolue, s’adapte et s’inscrit de plus en plus dans le quotidien des internautes en répondant à leurs envies. En 2010, un simple bouton va changer la vie de millions de personne, » J’aime ». Il n’est plus simplement question de scruter le profil de ses amis et d’aller inspecter ses futurs « amis ». Le clic sur « Jaime » devient une habitude, une manière d’approuver une idée, de valoriser une actualité ou de mettre en avant nos goûts ou nos surprises. Facebook entre dans l’ère du « tout dit / tout commenté » et ce sont effectivement les interactions qui vont expliquer la réussite de ce géant en devenir.
Un modèle en perpétuelle construction
En 2011, Facebook atteint l’âge de raison en fêtant 845 millions d’abonnés. La régie publicitaire arrive progressivement à maturité et les marques ont depuis longtemps pris possession des lieux, trop heureuses de pouvoir toucher de nouvelles cibles, et leurs centres d’intérêt, en s’attachant à des critères comportementaux : préférences, appartenances, communautés… Les publications fusent et l’aspect visuel prend une importance croissante. En 2012, le premier des réseaux sociaux rachète Instagram et vit une introduction en bourse mouvementé avec une valorisation à 104 milliards de dollars. L’action chute mais se relève. Les bénéfices sont records et les ambitions dévorantes, malgré un modèle économique discutable. Facebook pèse aujourd’hui 150 milliards de dollars. Aucune entreprise n’y est arrivée aussi vite.
Comment Facebook a-t-il révolutionné Internet depuis 10 ans ?
A l’origine, la définition même de réseau « social » semble exagérée tant Facebook (et internet de manière générale) sont considérés comme des espaces virtuels, ludiques, subjectifs et dépourvus de poignées de main. Pourtant les gens sont présents, se rassemblent, partagent et s’amusent. Bien-sûr, les détracteurs sont là mais deviennent de plus en plus minoritaires. Facebook empêche ou favorise-t-il les sorties/réunions/retrouvailles…les vrais amis ?
Un lien social se retisse-t-il grâce aux réseaux sociaux ?
- L’enfant n’est plus isolé, ni ignorant, il a des amis et apprend beaucoup (de manière superficielle et parfois dangereusement, certes).
- L’adolescent n’est plus blasé, ni renfermé, il communique et partage ses étonnements (mais ne descend plus dîner).
- Le perdu de vue ne l’est plus. On reprend contact (pour mieux s’oublier après?)
- Le camarade de promo est décortiqué (parfois jugé trop vite). Les apparences sont trompeuses mais ludiques.
- L’étudiant perd son temps (plutôt que travailler) puis l’optimise (une soirée s’organise en 3 clics, une réunion de projet aussi) !
- L’expat trouve un moyen de partager son expérience et de garder contact. (Le pauvre voyage au gré des photos du riche).
- L’utilisateur (toi, moi, eux) trouve sa vie insipide à côté des expériences de ses amis (Il va à son tour enjoliver ses expériences) et son loisir n°1 devient la curiosité.
- Les parents, eux, restent sur la touche, éloignés. Mais pas pour longtemps…
Les adultes se montrent tout aussi curieux et s’inscrivent. Les familles se recomposent. Les groupes et communautés s’échangent des informations stratégiques. Les événements naissent. Les entreprises prennent le train en route et s’inventent un ambassadeur capable de parler au nom de la marque. Ce VRP va aller à la rencontre des clients en dehors du point de vente mais toujours dans un objectif de notoriété et d’image. Puis, la page entreprise permet aux sociétés de se créer un historique de marque, un flux d’actualités, une vitrine évolutive et de générer du trafic pour accroître les ventes.
Facebook, cible des critiques, faiblit-il ?
Du trombinoscope initial, au moteur de recherche avancé et bientôt au bouton « Empathie » (soupçonné), Facebook est une plateforme qui a su évoluer en fonction des usages de ses membres et de leurs préoccupations. Pourtant, qui n’a jamais pesté contre la mise à jour de la timeline, perturbante et nécessitant de se réhabituer à l’interface ? Cependant, le réseau social s’impose et compte sur ses revenus débordants pour proposer toujours plus de nouvelles fonctionnalités.
Les critiques les plus violentes visent aujourd’hui la protection des données personnelles et la politique de confidentialité de Facebook. Des critiques qui semblent légitimes à la vue des données exploitées par le réseau. Mais jusqu’ici, celui-ci se targue juste d’être une place publique sur laquelle chacun est responsables de ses actes. Malgré tout, le profil est de plus en plus doté de clauses et d’alertes invitant l’utilisateur à choisir par qui telle ou telle information est visible. Les critiques sont acerbes mais n’arrêtent pas l’élan des utilisateurs.
Usages radicaux, promotions prohibées, risques pour la jeunesse, les sujets polémiques ne manquent pas. Néanmoins, si la dangerosité de son usage est une question récurrente, c’est au sujet de l’évolution du profil des utilisateurs que les doutes s’installent. Support générationnel, si les parents y sont pourquoi les jeunes voudraient y être ? La nouvelle génération se dirige vers d’autres réseaux sociaux, alors on annonce la fin du géant. Mais la concurrence ne l’effraie pas. Au contraire, Zuckerberg s’en nourrit, rachète les projets les plus complémentaires et s’inspirent des réussites sociales.
Le virage mobile, la stratégie de conquête
Le réseau social vieillit mais se bonifiera-t-il avec le temps ? Il est désormais utilisé sur tous les supports. Si les premières applications mobiles ont été bancales, Facebook a corrigé le tir et la version mobile guide maintenant le développement de la version web. De plus, les mobinautes consultent leurs actualités et interagissent en temps réel depuis n’importe quel site web socialement apprêté. Au dernier trimestre 2013, 53% du chiffre d’affaires de la régie publicitaire provenait du mobile. Les rentrées publicitaires explosent depuis que les marques peuvent intercaler leur publicité entre les messages des membres et créer des applications et des jeux sans limites de développement.
Plus que jamais, le modèle économique s’affine et du côté de Menlo Park, on ne s’inquiète pas du départ de milliers de membres ou du manque d’intérêt des 15-25 ans. D’abord parce que les plus de 25 ans sont ceux qui consomment le plus sur internet, ensuite parce Facebook souhaite partir à la conquête de marchés émergents en Asie et en Afrique, là où de nouveaux millions d’utilisateurs potentiels l’attendent.
Effectivement, le premier réseau social mondial n’est pas irréprochable, il est le « lieu web » le plus fréquenté donc l’endroit où il y a le plus d’abus. Il est le plus utilisé donc le plus sujets aux débordements. Le géant Facebook doit amener ses utilisateurs, particuliers comme professionnels, à faire preuve de vigilance, mais il n’en reste pas moins un modèle de réussite comme seule la Silicon Valley sait en façonner. Voilà pourquoi, Facebook attire tant et pourquoi chacun veut rencontrer Marc Zuckerberg, à commencer par le président François Hollande en visite dans la Silicon Valley le 12 février. L’occasion pour le président français de fêter un très joyeux anniversaire au créateur du réseau social avant d’évoquer les questions fiscales !
0 commentaires