Un investissement Bpifrance de 2,4 millions d’euros dans le projet.
L’année dernière, Carlos Diaz, entrepreneur limougeaud habitant à San Francisco depuis sept ans, a reçu en tête-à-tête les PDG de 113 start-up hexagonales. Identifié par les entrepreneurs comme une figure française de la Silicon Valley depuis sa participation au mouvement des « pigeons » en 2012, il s’est retrouvé bombardé d’e-mails de jeunes créateurs d’entreprise, avides de conseils sur l’installation de ce côté-ci de l’Atlantique. Il s’est dit qu’il existait sûrement une manière plus efficace de les aider que d’enchaîner les cafés…
Avec deux autres chefs d’entreprise de la Vallée, Géraldine Le Meur, cofondatrice du festival LeWeb, et Pierre Gaubil, un autre serial entrepreneur, ils ont décidé de lancer un accélérateur de start-up françaises basé à San Francisco. Baptisé « The Refiners », il accueillera 12 à 15 start-up n’ayant pas encore réalisé de levée de fonds, pendant trois mois, deux fois par an. La première promotion commencera en septembre.
Des modèles américains
L’accélérateur prendra 3 à 7 % de leur capital, en échange d’un chèque de 50.000 dollars pour les aider à démarrer. Un modèle inspiré des fameux accélérateurs Y Combinator et 500 Startups, d’où sont sortis Airbnb, Twitch ou Makerbot, mais qui prendra en compte « le fossé culturel, un élément trop souvent négligé », explique Carlos Diaz. « Pendant les trois premières semaines, on fermera les portes et les fenêtres car ils ne seront pas “montrables” et on leur apprendra comment agir ici », détaille-t-il. Au programme, quelques éléments clefs de la culture de la Silicon Valley, comme la différence entre les fonds de capital-risque français et américains, ces derniers « ne demandant pas des tableurs et des business plans à trois ans », explique Pierre Gaubil. Ou encore la différence de relation avec les grandes entreprises : « dans la Silicon Valley, les grands comptes ne sont pas un élément de destruction des produits des start-up mais des partenaires qui les distribuent ».
Doté de 6 millions de dollars, le fonds est abondé à 60 % par une centaine de partners, moitié américains, moitié français, qui endossent également le rôle de mentors. Les 40 % restants sont apportés par bpifrance.
Des licornes plutôt que des poneys
Alors que la France devient « le paradis des start-up », un programme à San Francisco semble plus que jamais nécessaire au trio. « Au lieu de créer des “unicorns”, les Français créent des “poneycorns” car ils pensent à l’international trop tard. Il faut penser global dès le départ. Et pour ça, il n’y a qu’une seule solution quand on est une entreprise numérique : avoir son centre de gravité dans la Silicon Valley », estime Carlos Diaz.
Bénéfique pour les emplois en France
Selon eux, les start-up françaises sont systématiquement écrasées par le concurrent américain qui a, lui, pensé d’emblée à son expansion mondiale. Parmi les exemples, Dailymotion face à YouTube ou le site d’enchères iBazar. Créé en 1998, il s’est fait prendre de court par eBay, lancé deux ans plus tard.
A ceux qui hurleraient à la fuite des cerveaux, les fondateurs brandissent le modèle Criteo, qui consiste à garder les ingénieurs en France, mais à embaucher les équipes de vente et de marketing aux Etats-Unis. « Il ne s’agit pas de quitter la France. Au contraire. Prenez Scality : ils sont maintenant une centaine de personnes en France, et une cinquantaine aux Etats-Unis. Mais s’ils n’étaient pas venus s’installer ici, ils seraient toujours une trentaine en France, et c’est tout ! », soutient Carlos Diaz. Quant à l’investissement de bpifrance à l’étranger, « Ca ne leur coûte rien, bien au contraire », assure-t-il : « On parie sur un retour sur investissement de 3 fois la mise initiale d’ici à dix ans ».
0 commentaires