Plus que nulle part ailleurs, vous verrez à San Francisco la population locale cramponnée à son smartphone. Ce phénomène n’est pas nouveau, certes, mais l’usage de ce médium – lui – est en pleine évolution. A l’heure où tout le monde ne parle que de communauté, de partage, de social shopping / gaming / marketing, quelques signaux faibles attestent pourtant qu’un virage s’amorce.
Il suffit de regarder le phénomène Facebook pour s’en convaincre. Géant occidental des réseaux sociaux, le monstre est en pleine mue. Comble du hype il y a quelques années, le site de Zuckerberg semble peu à peu se métamorphoser en version modernisée des Pages Jaunes du passé : il faut y être ,oui, mais cela n’a plus rien de “cool”. Le mastodonte a bien évidemment pâti de son succès : auparavant apanage d’une jeunesse branchée, il est aujourd’hui la chose du monde la mieux (qualificatif à questionner !) partagée. Entendez par là que tout le monde y est. Dès lors, les enjeux changent : avec grand-mère, un collègue ou un(e) ex dans vos “amis”, la spontanéité n’est plus nécessairement de mise.
Et c’est bien là que les choses se jouent. L’authenticité et le naturel sur ces réseaux sociaux ont toujours été questionnés : les profils sont plus fantasmés que réels, et les photos paradisiaques de vacances sont largement prédominantes sur celles de soirées déprime en pyjama.
Or, cette sincérité semble commencer à cruellement manquer. La volonté d’être soi-même et de s’affranchir d’un carcan social pointe son nez. D’où le succès d’applications comme Snapchat, Blink ou Whisper. Ces nouvelles plateformes jouent sur le désir naissant d’exprimer un ressenti sincère et ponctuel, une idée, sans peur de l’image renvoyée. Car c’est là que tout bascule : sur cette notion d’image, de réputation, d’identité. Ainsi, Whisper s’apparente à une catharsis moderne, une sorte de confessionnal du XXIème siècle : la prise de parole anonyme encourage les membres à révéler un secret, une angoisse, une pensée…
Cette tendance vers l’anonymat interpelle dans la mesure où elle s’apparente presque à un retour en arrière : rappelez-vous aux début d’Internet, qui ne s’était pas créé un pseudo ridicule pour participer à des salles de “chat” diverses et variées? Facebook avait alors marqué une révolution en mettant fin à cette ère des pseudos pour relier des identités réelles à des expressions numériques. Aujourd’hui, pour être absolument moderne, il faut peut-être remettre les masques finalement…
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