Firefox veut réveiller la Vallée (et le monde)

Firefox veut réveiller la Vallée (et le monde)

En pleine affaire “AppGratis versus les censeurs d’Apple”, Mozilla révise la grammaire du web, même mobile. Firefox, libérateur d’une Silicon Valley retombée amoureuse du grand méchant Compuserve?

Début avril, le projet Mozilla célébrait un anniversaire, celui des 15 ans de la livraison du code-source de Netscape  – ancienne gloire déchue des navigateurs Internet -. Une communauté allait donner naissance à Mozilla 1.0 quatre années plus tard. A l’époque, neuf ordinateurs sur dix dans le monde utilisaient Internet Explorer.

En 2003, la Fondation Mozilla est créée, organisme sans but lucratif. Son projet le plus connu et emblématique, Firefox 1.0, sera publié en 2004. En moins de douze mois, le butineur sera téléchargé plus de 100 millions de fois. En 2008, il représente déjà 20% du “marché”.

 

“Not every venture is about capital”*: c’est sous cette bannière que la Fondation Mozilla se démarque aujourd’hui, plus que jamais, de ses contemporains dans la Silicon Valley. Peu le savent, mais le quartier général de la Fondation est situé à Mountain View, à quelques “blocks” de celui de Google. D’autres bureaux ont été ouverts, non loin de là, à San Francisco, sur Harrison Street, à deux pas du Bay Bridge.
De l’autre côté de l’Atlantique, son pendant européen, incarné par l’infatigable Tristan Nitot, disposera désormais de bureaux bien plus spacieux et prestigieux. Son siège est situé à l’Hôtel de Mercy-Argenteau, comme le rapportaient en images le 4 avril nos confrères du Journal du Net.

Et le recrutement ne faiblit pas: “Nous avons plusieurs dizaines de recrutements en cours, notamment pour l’équipe de développement de Firefox OS”, confiait alors au Journal du Net le Président et Fondateur de Mozilla Europe.

Le mobile, son prochain “chapitre”

Ce 11 avril, des changements ont été opérés auprès de l’équipe de direction. Gary Kovacs se retire du poste de CEO (qu’il occupait depuis 2010) et sera remplacé dans le courant de l’année (la recherche active est en cours urbi et orbi). Objectif? la mobilité!

Outre le navigateur de bureau (celui que vous utilisez sur n’importe quel ordinateur Windows, Mac OSX ou Linux), Mozilla a développé Firefox pour Android (sur smartphone et sur tablette), puis a lancé début 2013 les fondations de FirefoxOS, un système d’exploitation 100% web/HTML5, destiné non pas à concurrencer de manière frontale les ténors du secteur (Android, iOS, Windows Phone et BlackBerry 10), mais à offrir une alternative aux systèmes et app stores actuels en plaçant l'”Internet libre” au coeur des technologies mobiles.

Destiné dans un premier temps à l’entrée de gamme et aux marchés émergents, Firefox OS entend “abattre les murs entre les applications et le Web, car les applications Firefox OS sont conçues en utilisant les technologies Web, comme le HTML5”, comme le confiait au Mobile World Congress de Barcelone en début d’année Jay Sullivan, VP des produits Mozilla.

Pour mener à bien cette tâche stratégique, Li Gong est nommée, a-t-on appris ce 11 avril, “Senior Vice President des appareils mobiles”. Il sera en charge de l’avancement de Firefox OS. En plus de ses nouvelles attributions, cet asiatique conservera sa place de CEO des filiales en Chine et à Taiwan. Ce n’est pas un inconnu dans la Baie ; il a participé à la fondation et à l’investissement de nombreuses jeunes pousses en Chine et dans la Silicon Valley.

La défense d’un web ouvert

L’ère d’AOL, Compuserve et Infonie – éphémère succès en France et en Belgique aux débuts des modems 28.8k – avait été laminée par le navigateur web. Aujourd’hui, constate la Fondation, le web s’encapsule dans des applications bien souvent non interopérables d’un système mobile à l’autre. Une lutte dont FirefoxOS se veut le porte-étendard, mettant en avant la nécessité d’un Internet mobile libre, standardisé et décentralisé.

A ce combat, il faut ajouter une politique de diffusion des applications et des contenus de plus en plus opaque, doublée d’une pudibonderie toute américaine, que Mozilla entend également dénoncer.

Un exemple parmi d’autres de cette main de fer? L’entreprise française App Gratis distribuait jusqu’il y a peu sur iPhone et iPad des applications gratuites, en collaboration avec des éditeurs désireux de s’offrir un brin de promotion parmi les millions d’applis mobiles présentes sur l’App Store. Un trublion gênant pour le business model d’Apple, selon Simon Dawlat, interrogé le 11 avril par Stéphane Soumier sur BFM Business. Loin d’être une mésaventure isolée, l‘affaire est prise très au sérieux par les autorités françaises et a pris une tournure politique (Source: Le Figaro), avec l’intervention symbolique de Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, évoquant des problèmes de fond sur “la liberté de choix des consommateurs”. Elle plaide en faveur d’une autorité de régulation de ces app stores, sorte d’ONU des continents virtuels.

Autre conflit généré par la main de fer qu’Apple  exerce sur les contenus disponibles sur ses terminaux? L’obligation de procéder à la suppression/censure de près de 3.000 bandes dessinées d’Izneo (Source: 01Net), considérées comme “pornographiques”. Parmi elles, citons Largo Winch, XIII, Blake et Mortimer. Google et Amazon ne montrent guère plus d’enthousiasme à casser les codes des normes américaines en matière de culture et de divertissement.

En réponse à ce différend culturel et à la constante modification – unilatérale – des règle propres aux différents App Stores, Mozilla s’avance en “défenseur du Web” ouvert et libre, estimant que chaque développeur de site web est un développeur mobile en puissance. En février, Serge Mansilla écrivait sur son blog personnel un plaidoyer à la gloire de FirefoxOS, traduit en français par l’équipe du Framablog.

“En utilisant des technologies flexibles et populaires comme HTML5, CSS3 et javascript, Firefox OS a promu instantanément des millions de développeurs web et javascript en développeurs d’applications. Tout ce qu’ils ont à faire est de télécharger un module complémentaire de simulation gratuit (et ce n’est même pas nécessaire si votre application n’utilise pas les API des téléphones). Les développeurs connaissent déjà l’environnement du navigateur et ses outils, et il ne leur est pas nécessaire d’apprendre un nouveau langage ou une nouvelle architecture.”

Là où Chrome vous invite à introduire votre compte Google lors de la première utilisation du navigateur – sur mobile, tablette comme sur ordinateur -, Firefox vous rappelle vos droits. Une attitude constante  pour la Fondation, qui entend rester “à l’intersection du libre et des standards du Web”.

“On ne cherche pas à enfermer les gens, on n’est pas dans une logique de maximisation du profit, de revenus immédiats étant donné que nous sommes une association à but non lucratif”, déclarait à ZDNet Tristan NITOT le 28 février. “Notre but, c’est faire du Web la plate-forme mobile par excellence et nous pensons que tout le monde va se rallier à cette vision. ”

* toute entreprise n’est pas forcément capitaliste

Las Vegas est-elle la prochaine Silicon Valley?

Las Vegas est-elle la prochaine Silicon Valley?

Depuis peu,  une drôle d’effervescence agite Las Vegas. Cette fois, ce n’est pas la fièvre du jeu, ni encore celle des nuits folles, mais bien celle des start-ups. En effet, un projet fou est en train de voir le jour dans le vieux « Dowtown » de Las Vegas. Nom de code : Dowtown Project.

 

L’idée est portée par Tony Hshieh, un entrepreneur ayant déjà rencontré plusieurs succès. En 1999, il revend à Microsoft sa plateforme de publicité en ligne, Link Exanche pour 300 millions de dollars. En 2008, il cède Zappos.com, site e-commerce leader aux Etats-Unis. Pour donner une nouvelle jeunesse à Las Vegas, le projet s’articule autour d’un centre-ville digne de ce nom, de façon à créer une « vraie ville » et non seulement une destination touristique. Celle-ci comprend déjà plusieurs co-working spaces, des hébergements pour startupers, et même un système de vélo on demand un peu à la Velib, pour les trajets bureau – domicile.

Mais comment crée-t-on une ville de toute pièce? En insufflant de l’argent. Beaucoup d’argent. Pour cela Tony H. et ses associés, vont injecter pas moins de 350 millions de dollars.

Bienvenu dans Sim City

Certains dirons que le projet est fou (il l’est), ou que les créateurs se croient dans Sim City, où le but est de gérer une ville…  la réalité est que les gens qui y participent sont en train de réaliser quelque chose d’inédit et prometteur.

Plusieurs entrepreneurs et équipes de startups ont fait le grand saut et décidé de s’installer à Vegas. Ils constituent une communauté soudée, très proche, tout le monde se connaît, on dirait un petit village français. Tous semblent autant passionnés par ce sur quoi ils travaillent au quotidien, que sur la construction du « Downtonw Project ». Un des slogans repris pour décrire l’aventure est « City as an Incubator ».

Comme un ROC

Le Downtow Project fait le pari du « ROC » (Return On Community). Les investissements sont donc faits non pas seulement dans une optique de Retour sur Investissement, mais également en vue des retombées pour la communauté. D’ailleurs, l’effort pour créer des commerces de proximité montre à quel point Tony H. porte un intérêt à recréer environnement citadin vivant. Zappos va donner l’exemple en prenant possession de l’ancien Hôtel de Ville en plein centre, pour héberger son siège  et ses quelques 2000 employés qui aujourd’hui sont à l’extérieur de Vegas. Nul doute que ces 2000 employés auront besoin de restaurants pour leur déjeuner, de pressing, de coiffeur, de superettes etc… (ou plus vraisemblablement des cafés avec Wifi, des salles de gym et des magasins de nourriture pour animaux domestiques).

Le Vegas Tech Fund est l’entité qui gère les 50 millions d’investissement dans les startups technologiques. Si nombreuses sont les startups qui profitent de ce fond, certaines viennent s’installer sans même être financée. Il faut dire que Vegas a de quoi attirer, outre sa fiscalité avantageuse, Vegas c’est aussi un coût de la vie qui est 30 à 40% moins élevé que San Francisco. C’est aussi une des plus grandes places pour le tourisme et le divertissement en tout genre. Toutes startups qui gravitent autour de ces industries auraient intérêt à s’y intéresser de prêt. Et pour finir Vegas c’est également 300 jours de soleil par an…. Et le soleil on le sait est vecteur de bon humeur !

Un exemple parmi d’autres, l’équipe Romotive a pris ses quartiers à Vegas Downtown. Elle construit les premiers robots domestiques abordables pour tous. Pour tester leurs produits, ils se baladent autour de leurs bureaux et dans les cafés environnant en proposant aux badauds de tester leurs produits. Autre exemple, cette même équipe organise tous les mercredis un repas, dans leur appartement commun ; afin de réunir tout le monde et échanger. Cependant, après un deuxième tour de financement l’entreprise à décider de se relocaliser dans la Silicon Valley (la vraie) afin d’attirer des talents experts en robotiques. Tout de même l’entreprise ayant passé deux ans à Vegas a pu se construire, passer de 3 à 20 collaborateurs, créer son premier prototype et expédier ses premières commandes… Et Romotive n’est pas la seule, plusieurs entreprises ont déjà fait le grand saut, certaines connues comme Skillshare, d’autres naissantes (Rolltech, technologies pour les  pistes de bowling).

Si Rome ne s’est pas construite en un jour, créer une ville dans Sim City prend deux heures. De là à ce que Las Vegas deviennent un nouveau hub technologique et économique, qui ne repose non plus seulement sur le tourisme et le jeu, il n’y a qu’un pas.

Cette ville a toujours été connue pour sa démesure, pour ces rêves. Cette fois, il s’agit d’un pari encore plus grand que quelques centaines de dollars sur un numéro de la roulette. Pas sûr que la volonté soit de créer une Silicon Valley bis, et cela prendra de toute façon des dizaines d’années, mais le jeu en vaut la chandelle. Le temps nous dira si « What happens in Vegas, Stay in Vegas » ou bien si cela donne des idées à d’autres…

Silicon Valley : quelles leçons pour la santé mondiale ?

Le dernier TEDxSF avait pour thème la proposition ambitieuse de réinventer la santé mondiale pour  « 7 milliards de gens bien portants » (« 7 Billion Well : Re-Imagining Global Health »)

A cette conférence tenue sur le nouveau campus de UCSF à Mission Bay, les organisateurs de TEDxSF avaient invité des intervenants prestigieux et respectés, souvent locaux, professeurs à Stanford, chercheurs à UCSF, entrepreneurs dans la santé digitale, investisseurs, organisations à but non-lucratifs, et artistes pour redéfinir ce concept de « santé mondiale ».

Les présentations se succèdent, les orateurs sont tour à tour inspirants, provocants, émouvants. Un thème en émerge: le rôle de la Silicon Valley dans cet élan vers la « santé mondiale ». Les avancées médicales sont au premier plan – pas étonnant puisque nous sommes sur un des campus de recherche médicale les plus avancés au monde. Pour ma part, je suis convaincue que la Silicon Valley sera un centre stratégique de recherche médicale et de développement technologique,  et que ses modèles seront clef à la mise en place de changements profonds, novateurs, et durables à travers le monde.

Alors quelles tendances de la Silicon Valley vont permettre de prendre soin de 7 milliards de gens ?

Santé mondiale : une nouvelle définition

Quand on entend « santé mondiale» ce qui vient d’abord à l’esprit sont les maladies pandémiques et infectieuses, la mortalité infantile, et l’inégalité d’accès aux soins et à la vaccination. Or, ce sont les maladies chroniques qui sont aujourd’hui la première cause de mortalité dans le monde (à plus de 60% selon l’OMS http://www.who.int/chp/en/).

 

Et justement, nous le rappelle Dr Jess Ghannam de UCSF, nous savons comment prévenir 80% de ces maladies chroniques (cardio-vasculaires, diabète, certains cancers) par des changements de comportements simples.

Ces comportements sains, nous les connaissons (et nous Français peut-être mieux encore) : nourriture saine et équilibrée, contrôle de son poids, exercice régulier, rituels, échanges sociaux. Mais c’est souvent plus facile à dire qu’à faire et quand il s’agit d’appliquer ces principes et de s’y tenir chaque jour quand on est pressé, fatigué, stressé, c’est moins évident.

 

Et c’est là que la technologie émanant de la Silicon Valley peut nous apporter son concours. Les applications de santé digitale et le self-tracking peuvent nous aider à (re)prendre contrôle et à transformer nos habitudes par petites étapes a notre portée et mesurables.  C’est ce sur quoi repose le modèle de « behavior change » de BJ Fogg à Stanford [http://www.behaviormodel.org/].

 

Des applications pour nous motiver à rester en forme

Ces applications tirent à la fois partie des fonctionnalités des téléphones mobiles (accéléromètre ; gps ; sms ; calendrier/memos) et s’inspirent souvent des mécaniques de jeu (« gamification ») pour influencer positivement nos comportements par des systèmes de points, récompenses, pression sociale, compétition, etc. Par exemple, Mango Health, basée à SF, a reçu près de $2 M de financement cet été pour créer une plateforme de ce type. Et ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres tant ce marché est porteur et dynamique.

Des outils pour évaluer notre santé

Ces outils permettent aussi la capture de nos données de santé. Justement c’est aussi d’ici qu’émane le mouvement désormais mondial de Quantified Self [http://quantifiedself.com/]: l’exploration de la quantification personnelle de nos données de santé grâce aux senseurs et capteurs présents dans nos mobiles,  mais aussi pédomètres et autres FitBits.

 

Et les domaines d’application couvrent un large spectre puisque ces outils peuvent aussi bien nous motiver à rester en forme ou à perdre du poids qu’à nous aider à faire face à  des traitements lourds ou de suivre notre électrocardiogramme en temps réel dans le but de prévenir les crises cardiaques (AliveCor).

 

Plus besoin de médecin?

Ces outils permettent donc une prise en main de notre propre santé, ce qui tombe a pic puisque nous n’aurons jamais assez de médecins (humains) pour soigner 7 milliards de personnes.

 

Heureusement, Vinod Khosla, un des investisseurs les plus réputés de la Valley, se fait pythie et nous annonce que la relève n’est pas loin.

Selon cette vision, ce seront des ordinateurs super puissants qui permettront de produire des diagnostiques fins basés sur des montagnes de données, décryptées en temps réel, pour en quelque sorte laisser la science a ces machines et permettre aux professionnels de la santé de se concentrer sur le côté humain de cet art.

 

Bientôt une réalité en Californie

Nous n’en sommes pas très loin puisque les hôpitaux se bousculent pour trouver les outils de modélisation prédictive pour identifier des risques (de réadmission notamment) pour des maladies bien quantifiables comme la cardiologie. Certains établissements a la pointe comme UCSF vont jusqu’à appliquer ces modèles pour des maladies dont le diagnostique repose largement sur l’analyse clinique, comme certaines maladies neuro-dégénératives.

 

Nous sommes ici dans un cadre de personnalisation des protocoles de traitements. Or la baisse prodigieuse des coûts de séquençage d’ADN entre autres avancées nous permet d’imaginer que la « médecine personnalisée » (l’utilisation des données personnelles pour décider du meilleur traitement) va bientôt dépasser le cadre de l’oncologie et nous permettre des protocoles de soins préventifs adaptés à chacun.

Dr Ornish a démontré que l’expression des gênes, c’est–à-dire l’interprétation de notre code génétique, peut être transformée considérablement en seulement 3 mois grâce à  des changements de style de vie simples. Même si nos gênes nous prédisposent pour des maladies cardio-vasculaires par exemple, il est à notre portée de combattre ces atavismes.

Financer l’innovation

Ce nouveau domaine de la santé mondiale représente aussi de nouvelles opportunités économiques. Or Silicon Valley rime aussi avec financement de l’innovation. Et au-delà des traditionnels fonds d’investissements et « venture capitalists » de Sand Hill Road, on y voit croître indépendamment un modèle alternatif de financement appelé le « crowdfunding ». Un exemple récent illustre particulièrement bien le pouvoir de cette nouvelle tendance : le mois dernier, Misfit Wearables [http://www.misfitwearables.com/] a lancé une campagne de 30 jours sur IndieGogo dans le but de prouver que la demande existe pour leur nouveau produit de self-tracking « The Shine » ainsi que pour lever les fonds nécessaires ($100k) au lancement de sa production de masse. C’est la voix du marché, directe, sonnante et trébuchante.

Résultat ? En moins de 9 heures, The Shine a rempli 100% de son but, et a levé $200k auprès de plus de 2,000 « investisseurs » en 3 jours. Forts de ce succès, Misfit a augmenté le but de la campagne à $500k et (au moment de la rédaction) ils ont déjà levé $420,000 et il reste encore 24 jours avant la fermeture de cette seconde campagne… Cela ouvre bien des perspectives.

La Silicon Valley sera pionnière de la sante mondiale, en tant que pole d’attraction de recherche scientifique et centre névralgique d’innovation technologique, mais ce sont avant tout les outils qui en émanent qui nous mèneront une personne à la fois vers « 7 Billion Well ».

La terre tremble sur le marché du mobile pour Apple et Google

La terre tremble sur le marché du mobile pour Apple et Google

Smartphones low-cost, appétit féroce d’acteurs qu’on croyait neutralisés, nécessité pour les développeurs de s’adapter à un large panel de terminaux connectés: l’hégémonie d’Apple et Google sur le marché mobile se voit enfin mis sous pression. Analyse.

On croyait que le marché du mobile se diviserait entre deux acteurs issus de la Vallée. D’un côté, Apple exerçant un contrôle absolu sur le matériel et l’OS avec l’iPhone et l’iPad. De l’autre, une nébuleuse Android où les constructeurs – HTC, Sony, Samsung, Archos -profitent d’un système d’exploitation universel, capable de tourner sur une infinité de terminaux.

L’air de rien, le Mobile World Congress est venu cette année quelque peu gâcher cette image parfaite d’une innovation concentrée dans la Silicon Valley. Certes, Samsung s’y installe pour être au plus près de ses meilleurs amis/ennemis, mais d’autres acteurs ont décidé de s’attaquer au duopole, en attaquant le marché avec des arguments radicalement opposés. Les cibles viennent désormais du Canada, d’Asie et même d’Europe. Les récentes déconvenues de l’action AAPL n’y sont probablement pas étrangères.

 

Microsoft ou BlackBerry à la 3e place?

L’ascension de Windows Phone 8 s’avère décidément bien plus lente que prévu, malgré les efforts colossaux consentis par des acteurs historiques du mobile comme HTC et Nokia aux côtés de Redmond. Microsoft dispose d’une arme de poids pour s’imposer: s’approprier, à l’image d’Apple, le matériel et le logiciel – déjà sien -.

La décision de produire sa propre tablette, Surface, était sans doute la première étape vers la conception de son propre smartphone. Certes, l’appareil lancé à l’automne dernier n’a pas encore rencontré les objectifs de l’entreprise, mais a débloqué un tabou, que seule la console Xbox était venue briser jusqu’ici: celui de la maîtrise de la chaîne, après plusieurs décennies de partenariat “x86” avec les constructeurs tiers.

Un smartphone Microsoft? Voilà qui inquiète Nokia, entreprise européenne qui commence à peine à retrouver le salut. “Cette décision de se concentrer sur leurs propres appareils pourrait être néfaste pour d’autres constructeurs partenaires comme nous”, peut-on lire dans un récent échange entre Nokia et la Securities and Exchange Commission.

 

De son côté, sans encore avoir été confronté au périlleux marché américain, BlackBerry s’avoue plus que satisfait des premiers résultats de vente du Z10, premier terminal équipé de son système d’exploitation BlackBerry 10. La production a été renforcée à quelques jours du lancement via les opérateurs américains. Thorsten Heins, actuel CEO de l’entreprise canadienne, s’avoue surpris par l’importante proportion (30% en Grande-Bretagne et 50% au Canada) des acheteurs venus d’autres plateformes (iOS et Android principalement): “Le feedback que nous recevons de nos premiers acheteurs est très positif.” Pour l’heure, aucune chiffre de vente n’a été dévoilé, mais l’enthousiasme des développeurs est palpable.

 

La recette de l’ex-RIM n’était pas gagnée d’avance. Nombre d’analystes estimaient en effet nécessaire pour sa survie que BlackBerry procède à l’octroi de licences pour son système BB10 à d’autres constructeurs. Une autre voie a été suivie, celle de la maîtrise de la chaîne: terminal, système, applications, services. Ses armes: une base d’utilisateurs encore solide et estimée à 80 millions d’utilisateurs – inutile de rappeler combien il est fréquent en Silicon Valley de croiser un professionnel équipé à la fois d’un BlackBerry et d’un iPhone -, la fin de l’abonnement dédié BlackBerry Internet, un système flambant neuf équipé d’un noyau QNX, une excellente compatibilité avec les standards HTML5, des applications natives et la capacité de faire tourner des applications Android ou Qt.

Low cost, le nouvel eldorado?

Une importante portion de la croissance mobile est désormais conduite par l’émergence d’une nouvelle catégorie de smartphones, comme le précise Frédéric Filloux sur MondayNote. Ce marché est celui du low cost, l’une des rampes de croissance les plus méconnues ou mal aimées de Nokia et sa gamme Asha à destination des pays émergents.

Si le stand le plus imposant du MWC 2013 était sans conteste celui de Samsung, plusieurs autres acteurs encore mal connus – voire revenants – ont fait preuve d’une étonnante capacité à construire des smartphones sophistiqués à des prix défiant toute concurrence (sous la barre symbolique des 200 euros ou dollars US). Ils s’appellent ZTE, Huawei  et même Alcatel.

logo de l'entreprise Huawei

Leur arme? Android, certes, mais également FirefoxOS. Ce système d’exploitation libre a fait sensation cette année, malgré son état de développement encore peu avancé. L’OS sans licence mise sur la puissance des web apps, des applications qui sont en réalité développées comme des sites web, en respectant à la lettre les standards de plus en plus sophistiqués eux-aussi du HTML5. Nokia fait d’ailleurs partie des éditeurs actifs au lancement en adaptant sa solution de cartographie Here Maps concurrente de Google Maps. Quant à Sony, dont Android est devenu le compagnon par défaut sur le segment mobile, il s’essaye lui aussi à FirefoxOS en proposant à son Xperia E de le tester de manière expérimentale.

Et l’avenir est probablement là aussi. Nous avions chassé les applications de nos ordinateurs avec le web pour ne plus devoir nous soucier de l’OS utilisé. iOS et Android ont très vite compris qu’on ne capture pas des clients sans les rendre captifs: les apps natives sont arrivées.

Le salut s’appelle interopérabilité

Sous l’émergence d’une diversification du marché et la nécessité de toucher le prochain milliard de terminaux connectés, les développeurs sont aujourd’hui face à une telle variété de tailles d’écrans, de systèmes et d’évolution de ces systèmes qu’ils peuvent adopter deux attitudes.

Deux scénarios. Le premier? Se concentrer sur iOS et Android, puis Windows Phone et le BlackBerry s’ils en ont le temps ou la capacité. Deuxième possibilité: développer des “(web) apps” en exploitant les standards du HTML5 et un responsive design, capables de s’attaquer à n’importe quelle résolution d’écran, pour s’assurer une présence sur la plus large quantité de terminaux possibles. Traduction? Se cantonner au marché occidental ou changer de paradigme.

Voilà qui n’est au fond pas sans rappeler le discours prononcé par Steve Jobs au lancement de l’iPhone en 2007: “The full Safari engine is inside of iPhone. And so, you can write amazing Web 2.0 and Ajax apps that look exactly and behave exactly like apps on the iPhone. And guess what? There’s no SDK that you need!” (Le moteur de Safari fait partie intégrante de l’iPhone. Vous pouvez écrire des apps AJAX/Web 2.0 fantastiques, qui se comporteront comme des applications natives sur l’iPhone. Devinez quoi? Il n’y a pas besoin de SDK pour cela.)

On connaît la suite de l’histoire et le formidable eldorado de l’App Store d’Apple, qui lui a permis de dominer largement le marché mobile en valeur, en détournant l’attention du web universel vers des applications natives. La forteresse n’est pas encore tombée, mais la terre commence un peu à trembler pour Apple et Google en Silicon Valley.

Edito – Tendances de l’Internet 2013: année mobile, nouveaux devices et Big Data…encore!

Edito – Tendances de l’Internet 2013: année mobile, nouveaux devices et Big Data…encore!

Tendances de l’Internet 2013: année mobile, nouveaux devices et Big Data…encore!

Mary Meeker, la papesse des chiffres de l’internet en Silicon Valley, vient de révéler son bilan 2012 et ses tendances 2013.

Mary Meeker Web conference

https://www.flickr.com/photos/x180/50091716/in/set-1076331/

Lorsque Mary Meeker s’exprime, c’est en général de façon un peu aride. Ses slides ne sont certainement pas ce qui se fait de plus beau et “design”. Rien à voir avec un beau speech à la TED. Là, on parle lourd, sérieux…chiffres! Et tout son argumentaire se déroule autour d’une vision chiffrée du monde du web, que cette ancienne de Morgan Stanley, aujourd’hui passée dans l’univers du capital risque chez Kleiner Perkins, maîtrise de façon chirurgicalement mathématique.

D’habitude on adore…Seulement voilà, on est un peu déçu de cette version de fin d’année 2012.

D’abord, parce qu’on a l’impression de tourner un peu en rond. Beaucoup de déjà vu et déjà lu, notamment dans la partie Re-Imagination, dont on attendait beaucoup et dont on trouve le contenu un peu passé. On nous annonce, encore une fois, plus de mobile sur Internet, une meilleure monétisation, du multi-device…

 

On retiendra cependant l’avant dernière partie, comparant nos “vies d’avant”, lourdes en possessions (livres, cd, documents, cash, voitures…) et la vie d’aujourd’hui, bien plus légère grâce à la digitalisation massive des biens et des services et leur accès via téléphone mobile. Pas mal, mais Jeremy Rifkin nous l’avait annoncé dés 2001 dans son livre “L’âge de l’accès”.

Bref, c’est une Mary Meeker pas très inspirée qui partage avec nous sa vision très “Silicon Valley centrique” du monde en 2013. Une chose est certaine: ce n’est que le début, notamment en matière de Big Data, et tout reste à inventer!

Il va nous falloir chercher ailleurs un peu plus d’inspiration. On va s’y appliquer partager le résultat avec vous très bientôt.

Si vous ne devez lire qu’un slide: slide 58!

Vous retrouverez l’étude ici:

http://fr.slideshare.net/kleinerperkins/2012-kpcb-internet-trends-yearend-update

La mémoire augmentée

La mémoire augmentée

Le survivant de l’Holocauste Pinchus Gutter a relaté sa tragique expérience de nombreuses fois, un peu partout dans le monde. Mais cette fois le vieil homme assit face au public de l’auditorium de l’Ecole de Cinéma de l’Université de Californie du Sud n’est pas vraiment Pinchus Gutter.

Les hologrammes entrent dans les musées

Il s’agit de l’enveloppe digitale de l’homme de 80 ans, habillée d’une chemise blanche et d’un pantalon
noir, qui s’adresse directement aux quelques privilégiés venus assister à la démonstration. Holocaust-Hologram-Pinchus-Gutter

L’utilisation d’un hologramme dans un musée est une première et elle a été rendue possible par le travail de chercheurs de USC (University of Southern California). Pour parvenir à ce rendu, ils ont longuement interrogé Gutter à l’aide de multiples caméras, ce dernier étant assis devant un écran vert. L’intérêt de la démarche est de conserver une parole vivante et de rendre le témoignage plus saisissant.

Parler avec un robot

Il y a un peu moins d’un an, les hologrammes étaient déjà sur le devant de la scène. C’était à l’occasion de la dernière édition du festival de musique Coachella, le plus grand rassemblement d’amoureux de la musique de Californie. Lors du concert des rappeurs Dr. Dre et Snoop Dog, Tupac, artiste tué par balles en 1996, avait été ressuscité. Pourtant la réplique de Pinchus Gutter constitue une avancée technologique par rapport au procédé utilisé à Coachella. En effet lors du concert au printemps dernier, il ne s’agissait pas à proprement parler d’un hologramme mais d’une projection en 2D sur une feuille transparente. Dans le cas de l’expérimentation des chercheurs de USC, la projection de la personne est véritablement en 3D, ce qui veut dire que les spectateurs peuvent prendre place tout autour de l’hologramme et non plus seulement de face.

Mais les scientifiques de USC vont plus loin encore, puisqu’ils travaillent aussi à un logiciel de reconnaissance vocale qui rend l’hologramme capable non seulement de raconter ses récits, mais également de répondre aux questions posées par les visiteurs. L’expérience en devient encore plus excitante avec cette dose d’interactivité.

Plusieurs start-up sur le coup

Dès demain dans vos assiettes? Pas vraiment, la création d’hologrammes est encore fastidieuse et très couteuse. Il aura fallu quatre mois et entre 100.000$ et 400.000$ pour réaliser celui de Tupac. Elle a été réalisée par AV Concepts dont les bureaux sont à San Diego et la société Digital Domain.

Après le succès de Coachella, Digital Domain située à Los Angeles et fondée par le réalisateur James Cameron (auteur du Titanic et d’Avatar), a levé 10,5 millions de dollars à la bourse de New York pour financer la création de nouveaux hologrammes, notamment celui d’Elvis Presley, ce qui montre que d’autres projets vont voir le jour.

Disney aussi a tenté sa propre expérience d’hologrammes, dans son parc d’attractions Walt Disney World en Floride, en utilisant ce procédé pour animer la maison hantée.

Un monde de possibilités

Même si les contraintes techniques sont encore fortes, l’hologramme pourrait trouver une utilisation commerciale dans de nombreux domaines très prochainement.

Dans le secteur de la haute couture d’abord, où les hologrammes ont déjà fait leur chemin jusqu’aux podiums. En avril 2011, un show Burberry avait été réalisé, en partie, avec des images 3D, et lors d’une exposition à Londres consacrée à Christian Louboutin, une Dita von Teese virtuelle dansait devant les visiteurs. Alexander McQueen avait lui utilisé en Mars 2006 un hologramme de Kate Moss pour l’un de ses défilés.

Dans le secteur du jeu vidéo, l’entreprise russe Displair s’intéresse aux possibilités offertes par l’hologramme pour apporter une nouvelle expérience degaming. Sa technologie permet pour l’instant de donner une nouvelle dimension à une des stars des jeux sur iPhone, Fruit Ninja.

Les stades américains réfléchissent quant à eux à la possibilité de faire rejouer des rencontres sportives, en remplaçant les athlètes par des hologrammes. On pourrait alors aller au stade pour revoir la finale du SuperBowl. Une utilisation à des fins médicales est aussi envisageable, pour permettre aux étudiants de travailler sur des corps formés par une enveloppe digitale.

Les limites

Avant d’en arriver là, il faudra cependant considérablement réduire le coût de la technologie, pour que des salles de concert ou des stades puissent s’équiper. S’ajoutent à cela des considérations éthiques, car si vu depuis la Silicon Valley cette innovation comporte un intérêt mercantile indéniable, elle pose aussi des questions nouvelles. Le droit est encore muet à ce sujet. Par exemple, s’il est possible de faire parler un mort, peut-on modifier ses paroles ? Et également, à qui appartient le double numérique d’un mort ? Le droit ne dit pour l’instant pas s’il s’agit du propriétaire des droits de représentation ou de celui qui l’a créé.

Autant de questions auxquelles il faudra trouver des réponses avant que l’hologramme n’entre (définitivement) dans notre quotidien.