Il existe une barrière à l’entrée souligne Leila Jana de la société Sama, une structure caritative d’aide à la personne via le numérique. « Les frais scolaires aux Etats-Unis sont très chers et les étudiants doivent emprunter des sommes considérables. » Et de citer le chiffre de 40 millions d’étudiants qui contractent un emprunt pour un total de 1160 milliards de dollars (en moyenne entre 11 000 et 42 000 dollars par an).
Pour résoudre ce problème, Xavier Niel exporte le savoir-faire de l’école française, à savoir la gratuité de l’enseignement. Un pavé dans la mare de l’éducation à la mode américaine. Il reprend aussi les recettes d’enseignement made in France (un bâtiment ouvert 7 jours sur 7 avec des dortoirs gratuits, un millier d’iMac, etc.). Et pas de discrimination à l’entrée sur le diplôme et l’âge, 42 est ouvert aux personnes entre 18 et 30 ans et celles-ci n’auront donc rien à débourser en amont, pendant, ni même après leurs études. Aucune taxe ne sera réclamée non plus aux entrepreneurs qui les embaucheront. Comme sa grande sœur parisienne, 42 US est une “non-profit university“.
Toujours pas de professeur ni de cours magistral
Éprouvées à Paris, les méthodes d’apprentissage s’appuient sur le “peer-learning“. Pas de professeur ni de cours magistral. Pas de mentors non plus. Les étudiants planchent sur des projets, confrontent leurs points de vue, trouvent des réponses ensemble et réajustent en fonction. “Nous estimons qu’un cursus peut durer de trois à cinq ans. Mais chaque étudiant ira à son rythme. Par la réalisation de projets, il accèdera à différents niveaux”, explique Brittany Bir, COO de 42 US, elle-même pur produit de l’école 42 parisienne.
Si l’école 42 US est ouverte à toutes les nationalités, les étudiants non-américains devront néanmoins posséder un visa. Dans un second temps, l’école pourrait envisager des visas sponsorisés. À quelques pas de l’école, une résidence universitaire peut déjà héberger 300 personnes et bientôt 600.
À la tête de cette université, Brittany Bir est issue de la première promotion de l’école 42 parisienne, et titulaire d’un master d’études européennes à la Sorbonne Nouvelle. Elle a également été professeure d’anglais dans la “Paris Graduate School of Digital Innovation“. Managing director de 42 US, Kwame Yamgnane est quant à lui un pilier de l’école 42, dont il est l’un des cofondateurs. Il a également participé à la construction d’Epitech, une école informatique qui fait référence.
La sélection débute… maintenant
Après un premier test de logique à faire en ligne (candidatures ouvertes depuis le 17 mai), les candidats seront invités à rencontrer l’équipe de l’école. Puis, une sélection accèdera à l’étape de la “piscine“, à savoir quatre semaines en immersion dans le monde du code. Aucune compétence de programmation n’est requise.
Les Frenchies en force dans la Valley
À l’instar de la Holberton School ouverte par des Frenchies en janvier dernier au cœur de San Francisco ou de l’accélérateur The Refiners lancé récemment par Carlos Diaz, Géraldine Le Meur et Pierre Gaubil, les Français montent en puissance dans la Silicon Valley.
“La Holberton School accueille avec beaucoup d’enthousiasme l’arrivée de l’école 42 dans la Silicon Valley”, se réjouit Sylvain Kalache, fondateur de la Holberton School. Nous avons des méthodes d’enseignements très similaires avec l’approche project-based et peer-learning. “Nous serons plus fort à plusieurs, face au travail à mener pour combler le manque actuel et futur en ingénieurs qualifiés”.
Réputés pour leurs savoir-faire, les Français espèrent que leurs méthodes fassent boules de neige… “Nous accélérons les échanges entre les Etats-Unis et la France. Ils innovent, nous innovons. Pour faire des choses différentes, il faut des gens différents. Ce mouvement français n’a qu’un seul but : celui d’accélérer les choses dans la valley et dans le monde”, conclut Kwame Yamgnane.