Gregory Jost : “Mozilla est le tiers de confiance du web, aujourd’hui !”

Posté le 10 Déc, 2013

Gregory Jost affiche le sourire soulagé des âmes arrachées à la morosité européenne. Son arrivée dans la Vallée coïncide avec la fin de l’année 2012: “J’ai toujours aimé voyager. Une expérience ici, après avoir travaillé pour Mozilla Europe en France, cela ne se refusait pas. Je n’ai pas refusé.”

“Greg” fait partie des 71 salariés de la Fondation Mozilla dont la langue maternelle est le français – le nombre total est actuellement de 1033 -. Il est chargé de la promotion de la Fondation depuis les bureaux de Mozilla à San Francisco, situés à quelques encablures de l’Embarcadero et du Bay Bridge. Le reste de l’équipe locale s’est installée à Mountain View, non loin de son concurrent et partenaire Google. San Francisco dispose également d’un espace communautaire, accessible à tous. Il est dédié à la rencontre et au partage – avec les développeurs, contributeurs, traducteurs – via des événement réguliers, accessibles à tous.

Le web est LA plateforme

“Les Etats-Unis – et San Francisco en particulier – sont pour moi le berceau du web. Mon travail y est d’autant plus enrichissant”, suggère-t-il. Sa passion pour le web ouvert l’a amené très tôt à collaborer au projet Mozilla. “Mon passé professionnel, ce furent tout d’abord des agences, puis Mozilla. Presque naturellement je dirais, et avant tout pour les valeurs que nous défendons, qui sont les miennes !” Des valeurs qu’il regroupe autour de trois thèmes: l’universalité du web, le contrôle des données et la confidentialité. Sont-elles toujours au premier plan des avancées technologiques en Silicon Valley ? Pas sûr ! “Nous travaillons ici en Silicon Valley avec… et face aux géants comme Apple, Microsoft et Google. Notre mission est de peser et d’informer pour ne pas enfermer le web dans des plateformes. Le web est la plateforme du futur. C’est aussi pour cela que nous développons Firefox OS sur les marchés émergents… mais également, de plus en plus, dans des grands pays comme l’Allemagne ou l’Italie. Ce n’est que le début.”

La différence entre la France et les Etats-Unis ? “La curiosité, le mouvement et aussi une positivité ambiante. Pour ce qui est de Mozilla, peut-être moins de religion autour du web. Ce n’est pas étonnant si la présence de Mozilla en Europe est historiquement liée à la France. Là-bas, on a une vision plus sociale d’Internet. Ce n’est pas uniquement français, mais très français. Ici, nous sommes au pays du business et des brevets. Le défi est plus difficile à relever, puisque nous rappelons des valeurs fondamentales de partage et d’interopérabilité au moment où le web mobile bascule dans des guerres de… clochers et de brevets.”

Lorsque vous installez Firefox sur un ordinateur, un smartphone ou une tablette, le navigateur vous rappelle vos droits, avant de vous suggérer d’introduire un compte de synchronisation. Cette approche résume assez bien le mandat de la Fondation Mozilla: “être le tiers de confiance du web.” Il répète l’expression plusieurs fois durant l’entretien: “Chez Mozilla, on est là pour créer des produits dont on rêve. Nous n’affichons pas d’objectif de rentabilité. Nous ne sommes pas là non plus pour effrayer les internautes, mais pour leur rappeler qu’ils sont libres. Et qu’ils peuvent avoir confiance en nous, entre notre indépendance.”

Google, le plus gros contributeur financier

En 2012, 90% des revenus de la Fondation Mozilla étaient générés grâce au partenariat noué avec Google. C’est 5% de plus qu’en 2011 et cette année ne devrait pas afficher de surprise en la matière. “Oui, c’est vrai. D’un côté, ce sont nos partenaires. Nous développons pour Android, en plus de Firefox OS, notre propre OS mobile. En même temps, nous restons totalement indépendants dans nos démarches et nos développements. Les relations sont plutôt bonnes dans la Vallée entre nous. Nous travaillons dans cet esprit d’interopérabilité et d’universalité.”

A quoi servent les 311 millions de dollars ? “A poursuivre le développement du navigateur, sur ordinateur, sur mobile. Notre part de marché reste proche des 20 %. Cela nous donne un poids, un contrepoids même. Nous sommes et resterons un contre-pouvoir. Et puis, cet argent, il sert aussi à remplir nos missions de formation, notamment via le site Webmaker.” Le projet Webmaker veut faire des internautes non pas seulement des acteurs, mais également des bâtisseurs de l’Internet… libre.

Écrit par Cedric Godart

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