Il était une fois des gens qui se croisaient, qui se plaisaient et qui se perdaient de vue à tout jamais. Pour transformer l’histoire en conte de fées, certains s’essayaient au système des petites annonces: telle une bouteille à la mer, ils publiaient quelques lignes dans un journal avec l’espoir qu’elles soient lues par l’inconnu(e) de la ligne 4 croisé(e) à 7h36 à la station Château d’Eau.
happN est la version des temps modernes de cette pratique. L’enjeu : utiliser la puissance de la technologie pour pallier au constat navrant de toutes ces occasions manquées. L’idée : repartir du monde réel comme au bon vieux temps, et mettre la technologie au service de celui-ci. Et c’est là que se situe toute l’originalité de son positionnement. En effet, à la différence d’un Tinder, Meetic ou autre concurrent, HappN fait de la rencontre physique le pré-requis à toute mise en contact virtuelle. Seuls les profils des individus dont vous avez réellement croisé les pas vous sont présentés : le dating est réancré dans la réalité. La rencontre redevient le préambule à toute histoire, et non la conclusion laborieuse de 72 emojis, 34 ‘lol’ et 1347 messages (généralement bourrés de fautes d’orthographe, dussé-je le préciser).
Réintroduire cette sérendipité dans le monde de la rencontre était indéniablement un besoin au vu du succès fulgurant de l’application. 1 million de membres en 6 mois à travers le monde : ce chiffre phénoménal parle de lui-même. L’engouement pour la plateforme tient plus du coup de foudre que de l’histoire sans lendemain: la progression exponentielle de la base d’utilisateurs va de pair avec un taux de rétention hors du commun. Née en France au premier semestre 2014, la start-up fait déjà chavirer les cœurs : les grandes capitales européennes sont séduites les unes après les autres, et c’est désormais au tour de New-York de succomber à la tentation.
ll faut dire que la petite française a plus d’une corde à son arc. Toute jeune, elle ne pâtit pas de l’image vieillie, pour ne pas dire ringarde, de certains de ses concurrents comme Meetic. Mais, même face à un jeune Apollon comme Tinder, happn n’a pas à rougir : l’application apporte clairement une valeur ajoutée en termes d’expérience utilisateur. L’exemple le plus éloquent réside sans doute dans l’interface elle-même : alors que sur Tinder, il faut impérativement prendre parti sur un profil pour voir le suivant, happn offre la possibilité de passer en revue tous les profils croisés sans avoir à se prononcer.
Au-delà de ses techniques marketing et technologiques pour courtiser le marché, happn échafaude des business plans tout aussi sexys. Par exemple, si l’attirance pour un profil est trop forte, l’application offre la possibilité à un homme d’engager la conversation avec une femme qui n’aurait pas encore “liké” son profil, et ce moyennant l’achat de crédits en monnaie sonnante et trébuchante. Le système fait néanmoins du respect de la vie privée l’un de ses principaux chevaux de bataille : de multiples précautions sont prises pour éviter que cela ne nuise à l’expérience. Ainsi, impossible pour un homme qui n’a pas été “liké” de relancer la conversation si l’interlocutrice n’a pas répondu à son premier message. A terme, la start-up pourrait également engendrer des revenus via de la publicité, mais là encore hors de question de le faire au détriment du plaisir des membres. L’idée serait d’intégrer autant que possible la publicité dans l’application et non d’en faire un arbre de Noël commercial. Savoir-vivre et charme à la française, donc, pour cette nouvelle application !
0 commentaires